mardi, janvier 30, 2024
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TOUS LES ENJEUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

DEVELOPPEMENT DURABLE CHANGEMENT CLIMATIQUE

RoundUp avec : Louis Léandre EBOBOLA TSIBAH

Expert Environnement et Développement durable

De plus en plus d’études récentes montrent que la température terrestre est en constante élévation. On parle de gaz à effet de serre. Les données avancées alimentent un débat devenu de plus en plus complexe et parfois incompréhensible pour les non spécialistes.

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Qu’est-ce qui est à l’origine de cette situation ? Que se passe-t-il réellement ?

L’ être humain court à sa propre perte. Il est le principal responsable des graves atteintes à la nature. En effet, les activités humaines sont à l’origine de nombreux polluants qui perturbent les écosystèmes et affectent dangereusement nombre d’espèces. Au sein de chaque milieu naturel, il existe de nombreuses relations entre les populations. Toute modification peut logiquement s’accompagner de conséquences importantes, parfois dramatiques, difficile à prévoir tant les interactions sont complexes.

Qu’il s’agisse des écosystèmes marins ou aquatiques, forestiers, de la qualité de l’air et de l’intégrité des sols, la menace est répandue au quatre coin de la planète et la vie de milliards d’individus se trouve sérieusement affectée. Le sixième rapport d’évaluation du Groupe Intergouvernemental des Etudes sur le Climat (GIEC) paru en 2022 confirme, une fois de plus, les graves atteintes à l’environnement et les menaces qu’elles font peser sur l’humanité. En dépit de tous les signaux d’alarme, l’homme continue quand même à modifier les équilibres naturels au gré de ses propres intérêts.

En cours de SVT, on apprend aux jeunes élèves que l’atmosphère laisse passer environ 2/3 du rayonnement solaire qui échauffe la surface terrestre. La sur[1]face échauffée réémet vers l’atmosphère des rayonnements de longueur d’ondes différentes, correspondant à des infrarouges.

A la différence des radiations solaires parvenus jusqu’à la surface de la terre, ces rayons infrarouges réémis peuvent être piégés, c’est-à-dire absorbés, par certains constituant de l’atmosphère. L’énergie des rayons est alors conservée, ce qui accroit la température de la basse atmosphère.

L’ effet de serre est donc un phénomène naturel. Il est appelé ainsi par analogie avec ce qui se passe dans une serre dont les parois vitrées arrêtent les radiations infrarouges émises par le sol. Il participe de façon prépondérante à l’équilibre thermique de la planète. Les gaz à effet de serre sont des gaz susceptibles d’absorber les rayonnements infrarouges réémis par la surface terrestre.

Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), les oxydes d’azotes (N2O), les chlorofluorocarbone (CFC) et l’ozone stratosphérique. La participation des différents constituants à l’effet de serre dépend de leur concentration et de leur propriété physicochimiques d’absorption des infrarouges émis par le sol. Les concentrations en CO2 et en CH4 sont aujourd’hui plus élevées que jamais. Du fait de leur temps de décroissance, leur influence sur l’effet de serre peut s’étendre sur plusieurs décennies, donc des générations entières. Il faut noter qu’à masse égale, tous les autres gaz précédemment cités ont des capacités d’absorption égales à 20, 50 voire 5.000 fois celle du CO2 qui focalise l’attention. Les scientifiques admettent que sans l’effet de serre, la température moyenne sur terre s’établirait à -18° C. Le monde existerait probablement.

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Mais dans quel état la planète serait-elle ?

Jacques Chirac, ancien Président français avait dit, je le cite : « Notre maison brûle mais nous regardons ailleurs ».

Continuons-nous toujours à regarder ailleurs ? Les propos du Président Chirac sont d’une sagesse inébranlable et continueront à voyager dans le temps, tant que des efforts conséquents ne seront pas faits pour éviter le drame vers lequel nous nous dirigeons inexorable[1]ment. Trois facteurs à mon sens constituent quelques sources de blocages dans les négociations officielles relatives au changement climatiques. Le premier c’est le niveau d’engament des pays développés, le second est symbolisé par les attentes des pays en développement et le dernier est caractérisé par les incertitudes scientifiques. Pour le premier point, on peut noter que sous la pression de leurs opinions publiques devenues très sensibles à l’écologie, les pays industrialisés, principaux pollueurs, s’efforcent à promouvoir des réglementations pour limiter les atteintes à l’environnement. Leur richesse et leur maitrise technologique permettent la mise en place de nouvelle techniques de production ou de produits de substitution, qui réduisent les rejets des polluants sans réellement affecter les modes de vie. Face à eux, les pays en développement estiment n’avoir que peu de responsabilité sur certaines évolutions, comme l’accroissement de l’effet de serre ou de la dégradation de la couche d’ozone. Confrontés par ailleurs à des difficultés financières, ils ont naturellement pour souci majeur la croissance économique, même au prix d’une profonde dégradation de l’environnement. La prise en compte des aspects écologiques ne peut se faire qu’avec l’assistance financière et technique des pays développés, assistance dont la mise en place est des plus laborieuses. Enfin, les incertitudes scientifiques qui existent dans bien des domaines fournissent parfois des arguments contradictoires qui ne facilitent pas la prise de décision.

La gouvernance environnementale a beaucoup évolué depuis Stockholm 1972 jusqu’à nos jours. En effet, la deuxième Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement s’est tenue à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992. Elle a été l’occasion d’ouvrir à la signature deux importantes conventions, l’une sur la préservation de diversité biologique et l’autre sur les changements climatiques. Vingt ans plus tard, toujours à Rio, le monde entier a adopté les 17 objectifs de développement durable en vue d’éradiquer certains fléaux qui menacent la vie sur terre et de permettre l’avènement d’un monde meilleur à l’horizon 2030.

Des conférences, dans le cadre des deux Traités précédemment cités réunissent, chaque année pour les changements climatiques et tous les deux ans pour la diversité biologique, les Etats parties ainsi que diverses autres parties prenantes. D’une conférence à une autre, l’impression qui se dégage est toujours la même.

Tout le monde semble conscient de l’état de la planète. Malheureusement, les déclarations d’intention l’emportent très souvent sur la prise de décisions fermes. Toute chose qui met à la lumière du jour les approches divergentes des différents p

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Pensez-vous qu’à l’instar de l’Union Européenne, les pays du Bassin du Congo devraient eux-aussi mettre en place un marché du carbone ?

Rappelons qu’un crédit carbone est une unité équivalente à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Par exemple, un projet de plantation d’arbres qui permettra de séquestrer 10.000 tonnes de CO2 pourrait donner lieu à l’attribution de 10.000 crédits carbone s’il respecte les critères nécessaires. Il en sera de même pour un projet de gestion de déchets ménagers qui permettrait d’éviter l’émission de la même quantité de CO2. La création des crédits carbone est consacrée par le Protocole de Kyoto, un Traité qui fait suite à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique ouvert à signature à Rio en 1992. Entré en vigueur depuis 2005, le Protocole vise à définir, pour chaque nation industrialisée, des limites strictes d’émissions de gaz à effet de serre, et la mise en place d’un mécanisme facilitant la déclaration, l’échange et la surveillance de droits d’émission. Au centre, un organisme de régulation (en l’occurrence, les Nations Unies) qui émet des quotas. Cette organisation peut être reproduite localement suivant la volonté des Etats ou des régions. Sur le plan purement économique, valoriser les Gaz à Effet de Serre (GES) n’est pas aussi évident que ça en a l’air. La finalité c’est avant tout inciter tous les acteurs économiques à s’engager dans des solutions à faible émission de carbone.

De façon plus simple, il faut d’abord retenir que le marché du carbone est un instrument de lutte contre la pollution qui consiste en un système d’échanges de quotas d’émission de CO2. De façon triviale, il ne s’agit ni plus ni moins que de « droits à polluer » délivrés aux entreprises. Puisque vous faites allusion au plus gros marché carbone du monde, il vaut mieux situer les choses dans leur contexte. Contrairement à l’UE qui est un grand pollueur et se trouve dans l’obligation de réduire ses émissions, le Bassin du Congo est une zone de faible émissions mais de forte séquestration de CO2. On dirait que nous avons face à face une source d’émission et un puits de séquestration. Sinon, le problème et sa solution. Il est bon de souligner que sans problème point de solution et sans solution le problème persiste. Dès lors, les parties devraient donc trouver un arrangement qui satisferait tout le monde, si tant est que la volonté s’y trouve de part et d’autre.

Pour les Européens, c’est à la suite des engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto, que l’Union Européenne a créé le Emissions Trading Scheme ou ETS. Il concerne plus de 10 000 entreprises du secteur de l’énergie ou de l’industrie, qui sont responsables d’environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne. Pour mieux réguler les émissions et accompagner les entreprises dans leurs efforts de réduction de leurs émissions, les responsables du marché du carbone fixent un plafond d’émissions, plus bas que le niveau d’émissions du moment. D’une année à l’autre, on tient souvent compte des émissions de l’année précédente et de l’évolution du climat, régulièrement communiqué par les études scientifiques ou par le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Ensuite, il est gratuitement alloué à chaque entreprise un certain nombre de quotas. En fonction de leurs émissions réelles, les détenteurs de quotas peuvent ensuite les vendre ou les acheter librement. Les entreprises qui, à la fin de l’année, polluent plus que leur nombre de quotas ne le leur autorise risquent une forte amende. Pour éviter la sanction, elles vont donc acheter les quotas qui leur manquent aux entreprises qui en ont en plus, car elles polluent moins qu’elles n’ont reçu de quotas. Dans le cas des pays du Bassin du Congo, tout est possible. Bien que ne disposant pas d’une organisation du même genre, il est envisageable de créer à terme un marché carbone ouvert aux entreprises extérieures qui en seront les principaux clients, plutôt que de procéder à une vente de gré à gré.

Ce pourrait être aussi une bourse carbone qui fonctionnerait comme celle des matières premières. Dans ce contexte, il ne serait guère souhaitable de distribuer gratuitement les crédits aux entreprises locale mais plutôt limiter leurs émissions à des seuils raisonnables, tout en tenant compte des objectifs climats nationaux. L’objectif principal étant de permettre aux Etats du Bassin du Congo de bénéficier du fruit de leurs efforts de gestion forestière durable dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Ceci permettrait d’atténuer les frustrations liées aux promesses de financement insuffisamment tenues par les pays développés, dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.

Dans leur quête de solutions, les nations occidentales, les USA notamment, évoquent de plus en plus les financements neutres en carbone ? Comment le secteur financier peut-il agir vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

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En quoi les pays africains peuvent[1]il être concernés ?

La neutralité carbone traduit l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère par l’homme ou de son fait. La neutralité carbone est également désignée par l’expression zéro émission nette (ZEN). Ce concept est en réalité une conséquence de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Très inclusive avec notamment la participation des grandes multinationales, la Cop 21 de Paris on pourrait dire qu’elle a réveillé les espoirs d’une revitalisation de la planète. Pour une fois les groupes financiers avait été interpellés dans le cadre de leur contribution à la lutte contre le changement climatique. En effet, l’Accord de Paris met une forme de pression sur les acteurs financiers, afin qu’ils ajustent leurs politiques d’investissement et de financement de l’économie. Il les contraint à privilégier les secteurs neutres en carbone. C’est donc l’occasion pour le secteur financier de jouer un rôle majeur dans la transition climatique en soutenant les entreprises qui contribuent à décarboner l’économie et en faisant pression sur les autres, en favorisant leurs actions de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La meilleure des illustrations vient du sommet mondial sur le changement climatique organisé par le président des États-Unis, Joe Biden, en 2021. Depuis lors, plusieurs grandes banques mondiales ont annoncé avoir formé, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, une alliance, la Net-Zéro Banking Alliance (NZBA), acceptant de représenter zéro émission carbone dans leurs portefeuilles, d’ici 2050, voire plus tôt. Répartis dans 23 pays, elles, contrôlent un actif total de 28,5 milliards de dollars. Il est probable que cette coalition se soit étoffées. La neutralité carbone ne signifie pas zéro émission de gaz carbonique (CO2) mais une compensation des émissions de gaz à effet de serre par la séquestration du carbone dans un puits de carbone. Un puits de carbone est tout système qui absorbe plus de carbone qu’il n’en émet. Les principaux puits de carbone naturels sont le sol, les forêts et les océans. En pratique, les entreprises achètent, sur le marché du carbone (ou de la compensation carbone), des quotas d’émissions de gaz à effet de serre auprès d’organismes qui, eux, ne les consomment pas. Dans certains pays du Bassin du Congo, certaines entreprises ou des zones économiques spéciales ont déjà été certifiées carbone neutre. En réalité, à travers leurs activités quotidiennes, ces entités économiques émettent des gaz à effet de serre mais ceux si sont compensés par l’acquisition de quelques permis forestiers dont les capacités de séquestration équilibrent les émissions produites.

A défaut de financer des projets dans le cadre du protocole de Kyoto, il est probable qu’à terme certaines multinationales étrangères entrent directement au capital des entreprises forestières locales pour revendiquer des crédits carbone. Entre greenwashing et volonté réelle de lutter contre le changement climatique, les pays du Bassin du Congo devraient se montrer suffisamment vigilants. A cet effet, les législations nationales doivent y veiller, en privilégiant les financements durables.

Le Gabon est régulièrement cité comme champion de l’environnement. Identifié comme étant le premier producteur africain de bois, le pays semble peu affecté par les questions de déforestation. Toutefois, ses succès diplomatiques semblent peu visibles pour les populations qui reprochent aux décideurs de préférer la nature à l’homme.

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Qu’en pensez-vous ?

L’exploitation forestière est régulièrement perçue comme l’une des causes majeures de la déforestation et de la dégradation des forêts. Toutefois, elle sous-entend quand même une diversité d’usage. Lorsqu’il s’agit d’une exploitation durable notamment en ce qui concerne la production de bois d’œuvre, elle peut plutôt contribuer à combattre la déforestation et la dégradation des forêts, à contribuer à la conservation des stocks de carbone sur le long terme en réduisant les émissions de GES, en même temps qu’elle procure les moyens de subsistance. Le Code forestier gabonais est un modèle d’accompagnement des politiques publiques en matière de gestion forestière durable. Les résultats sont plutôt positifs. En effet, recouvert à près de 88 % de forêt, le pays totalise près d’un siècle d’activités de production de bois, avec un taux de déforestation qui oscille autour de 0,05%, ce qui est extrêmement bas par rapport au niveau mondial qui est de 0,6%. Les exigences légales de plus en plus contraignantes ont également conduit les opérateurs économiques du secteur à plus d’efforts.

L’interdiction de l’exportation des grumes, la vulgarisation des plans d’aménagement des concessions forestière, une meilleure prise en compte des populations riveraines des chantiers forestiers, la régularité des contrôles administratifs qui ont réduit considérable les risques d’exploitations illicites des ressources et aujourd’hui les obligations de certification, sont autant d’éléments qui garantissent au Gabon la durabilité de l’exploitation forestière. A ce titre, le modèle gabonais devrait faire école.

A contrario, la difficulté réside particulièrement au niveau de la conservation et de la valorisation de la biodiversité, notamment des écosystèmes forestiers. L’accord obtenu lors de la Cop 15 de la convention sur la Diversité biologique tenue à Montréal s’avère très ambitieux mais pourrait connaître quelques difficultés dans sa mise en œuvre au niveau de certains pays. En effet, celui-ci prévoit la protection de 30 % des terres et de 30 % des mers à échéance 2030. Or, pour le Gabon, avec 11% de son territoire déjà consacré au parcs nationaux, passer à 30% à l’horizon 2030 exigerait quelques arbitrages douloureux au niveau de la commission d’affectation des terres. Cette extension des aires de conservation mettrait-elle un terme au conflit homme – faune ? Rien n’est moins sûr. Toutefois, le nouveau cadre de la biodiversité offre de réelles opportunités financières qui devraient inciter les Etats à élaborer et mettre en œuvre des stratégies de conservation et de valorisation de leur biodiversité. Cependant, les donateurs étant quasiment les mêmes que pour le climat, il y a donc lieu de tempérer cet optimisme.

On parle de moins en moins du protocole de Nagoya qui était pourtant annoncé comme un levier financier essentiel pour la valorisation de la biodiversité et des savoirs traditionnels. Qu’est-ce qui n’a donc pas marché ? Avec autant d’atouts naturels, les pays du Bassin du Congo n’ont peut-être pas suffisamment exploré tous avantages liés à ce traité que le Gabon a pourtant porté au plus haut niveau, pour le compte du continent africain. Il est peut-être temps pour le Gabon d’asseoir réellement les instruments nécessaires pour la valorisation de sa biodiversité. Les services environnementaux sont une source de revenu durable encore inexploité. Pour un pays aussi richement doté, le paie[1]ment des services environnementaux et la valorisation des écosystèmes devraient fournir les éléments d’une comptabilité verte. Le pays doit s’engager sur la voie des financements verts pour répondre localement aux défis de la conservation et contribuer à une meilleure diversification de son économie. A ce propos, le nouveau cadre pour la biodiversité pourrait-il être une opportunité de plus pour le financement du sempiternel conflit homme-faune.

Le Gabon Co organise avec la France le One Forest Summit.

Quel est selon vous l’intérêt de cette rencontre de très haut niveau, trois mois après la Cop 27 ? Pourquoi tant d’intérêt pour les forêts tropicales ? Quel est le niveau d’implication de nos experts, dans les objectifs suivants : coopération scientifique ; promotion de chaînes de valeur durable ; sources de financement ?

Le dernier rapport publié par le GIEC réaffirme que la crise climatique ne connaît aucune frontière. A l’image de ce que nous a prouvé la pandémie du Covid-19, elle menace toute la planète et l’économie mondiale. Il montre également pourquoi la communauté internationale doit continuer de toute urgence à mener une action ambitieuse en faveur du climat, même si reste confronté à d’autres défis mondiaux urgents. Nous connaissons les risques importants que le changement climatique fait peser sur santé de milliards d’individus et sur la sécurité des Etats.

A cet effet, les Nations Unies ont rappelé que le climat joue un rôle décisif pour façonner la trajectoire de la paix et de la prospérité dans le monde. Alors que les décisions politiques et économiques sont les principaux moteurs des conflits, le changement climatique constituera une menace croissante pour la stabilité mondiale et locale. Dès lors, aucune initiative ne sera jamais de trop, tant qu’elle contribuera à sauver la planète et garantir la paix et la sécurité. Le One Forest Summit s’inscrit donc dans cette logique permanente de recherche de solutions. Les deux pays organisateurs de cette rencontre entretiennent une longue collaboration sur les questions environnementales et soutiennent assez régulièrement des positions diplomatiques assez fortes sur les questions écologiques, de paix et de sécurité.

Aussi, le One Forest Summit apparaît-il comme une convergence de vues et de convictions des deux hommes d’Etat, Ali Bongo Ondimba et Emmanuel Macron. Le One Forest Summit n’est pas une Conférence des Parties. Mais il devrait néanmoins réunir les trois bassins forestiers tropicaux, à savoir : le Bassin d’Amazonie, le Bassin du Congo et le bassin du Bor[1]néo-Mékong. Ces trois bassins forestiers, représentent, à eux seuls, 80% des forêts tropicales du monde et les deux tiers de la biodiversité terrestre. Ils assurent la subsistance d’au moins un milliard de personnes. Les forêts tropicales renferment environ 470 milliards de tonnes de CO2, soit plus de la moitié du carbone terrestre mondial et près du double de la quantité qui s’est accumulée dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle. Parmi leurs fonctions protectrices, les forêts tropicales assurent un rôle primordial dans la régulation des eaux douces de certaines grandes régions du globe. Elles per[1]mettent de réduire l’érosion des sols et de créer des microclimats qui préservent, et parfois optimisent la productivité agricole.

D’un bassin à un autre, les forêts tropicales sont en constante régression à cause des activités anthropiques et des menaces régulières qui pèsent sur elles. De nombreuses espèces végétales ou animales sont au[1]jourd’hui menacées à cause des activités anthropiques. Selon l’UICN plus de 50.000 espèces auraient disparu des régions tropicales, entre 1955 et 1990. Proche de nous, les gorilles des montagnes du Rwanda, par exemple, ont ainsi payé un lourd tribut à l’exploitation forestière.

Par ailleurs, 185 pays ont ratifié l’accord de Paris, s’engageant à maintenir la hausse de la température mondiale bien en deçà de 2˚ Celsius au cours de ce siècle, et à prendre des mesures pour limiter le réchauffement à 1,5˚ Celsius. Pour atteindre cet objectif, les parties ont convenu que les émissions nettes de gaz à effet de serre doivent être réduites à zéro d’ici à 2050. Il s’agit là d’une ambition monumentale, à la limite surréaliste pour une économie mondiale reposant sur les énergies fossiles émettrices de CO2 et sur l’agro-industrie à grande échelle. En raison du rôle crucial des forêts tropicales dans le cycle mondial du carbone, il est impossible d’atteindre l’objectif de limiter le réchauffe[1]ment à 1,5° Celsius sans une action urgente pour les protéger. Comme on peut s’en douter, l’importance des forêts tropicales a progressivement hissé les écosystèmes forestiers tropicaux au rang de bien commun de l’humanité.

En considération de ce qui précède, les pays des trois bassins forestiers devraient logiquement bénéficiers d’une assistances financières et technologiques de la part des pays industriels, responsables des effets des changements climatiques. L’adaptation comme l’atténuation ont un coup que les pays en développement ne peuvent supporter. Il est temps que les engagements et les promesses tiennent lieu de dette. Que ceux qui s’engagent à payer paient effectivement. Les experts du Bassins du Congo ont régulièrement participé aux études sur le climat et la biodiversité. Ils participent comme les autres aux différentes négociations internationales sur les différents traités relatifs à l’environnement. En fonction du forma retenu pour ce sommet, les inscriptions étant libres, ils devraient y être et se feront entendre si nécessaire.

Votre mot de fin

Le One Forest Summit ne sera pas la première réunion des trois Bassins. En effet, une initiative similaire avait déjà eu lieu à Brazzaville en juin 2011. Malheureusement, elle fut sans lendemains. Plus récemment, en marge de la Cop 27, le Brésil, l’Indonésie et la RDC, soit les ténors des trois bassins forestiers sont parvenus à un accord pour la défense des intérêts communs des trois Etats dans les négociations internationales aussi bien en matière de climat que pour la biodiversité. Il est logique que les autres Etats membres des différents bassins adhèrent à cet accord pour former une réelle coalition des trois Bassins qui aurait plus de poids dans les négociations. Dès lors, les pays devraient œuvrer à la mise en place d’une coopération Sud-Sud, en vue d’une gestion durable des forêts des 3 bassins. Les objectifs seront tout autant de contribuer à la régulation et à la stabilisation du climat planétaire qu’à la lutte contre la pauvreté et au développement économique des pays concernés. Si tel est le cas, Libreville aura, une fois de plus fait œuvre utile dans la lutte contre le changement climatique et la protection des forêts.

NE RIEN RATER
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